Le concours d'idées pour le prochain salon de Nans sous Sainte-Anne est inspiré du torchon brodé pour Irénée Gerriet.
Mais qui était Irénée Gerriet ?
Un torchon brodé a été trouvé dans une cave d'une vieille maison de Salins-les-Bains (Jura).
Présenté dans l'exposition Patrimoines singuliers (jusqu'au 29 septembre 2013), il a fait l'objet d'une enquête qui a permis d'en savoir plus sur Irénée Gerriet, pour lequel il a été brodé.
Grâce au regard pointu et averti de la directrice des Archives départementales du Jura, le torchon s'est révélé très bavard. Voici un extrait du texte qu'elle a lui a consacré dans le journal de l'exposition :
"Lorsqu’on lui présente un torchon brodé d’un nom, de mots, de nombres et d’ustensiles, l'archiviste ne se laisse pas abuser par l’apparentement trop facile entre le lieu de la trouvaille, Salins, ville du sel, et les objets figurés qui paraissent pourtant tellement être les outils et emblèmes du saunier (...)."
En fait ce torchon renvoie à la conscription des jeunes hommes à leurs 20 ans. Le tirage au sort, encore en vigueur en 1881, désignait ceux qui allaient faire un service de 1 an ou 5 ans sous les drapeaux selon le n° tiré. Conscrit de l’année 1881, Irénée reçut le matricule militaire (Mle) : 1299.
N'ayant pas trouvé la fiche matricule militaire d’Irénée, qui aurait indiqué son identité, sa parenté, son métier, son parcours militaire… l’archiviste, qui " a plus d’un fonds dans son sac", a cherché dans le registre des procès-verbaux des conseils de révision dressés en 1881. Irénée est retrouvé au conseil de révision de Dole : "apte au
service ! "
Né à Nevy-lès-Dole le 24 décembre 1861, passé sous la toise, Irénée mesure 1m63, il est cavalier, palefrenier et conducteur de charrois et… de la boulange.
"Le torchon et les objets brodés trouvent un sens : sac de farine, panière, pelle à pain, râble pour retirer la cendre ou pousser le bois…(...)."
"7e section des ouvriers et commis administration" indique que ce jeune boulanger a été incroporé au sein de l’élément d’appui chargé du ravitaillement alimentaire du 7e corps d’armée basé à Besançon.
"Le torchon brodé des emblèmes laurés de la République est la fierté de l’ouvrier militaire à l’issue de son service en 1882 ou 1886, peut-être confectionné par une fiancée impatiente…"
Dégagé des obligations militaires en 1907, Irénée Gerriet ne fut pas l’un des soldats tués dans les combats de 1914-1918.
On perd ensuite sa trace jusqu'à la mention de son décès sur son acte de naissance : il s'est éteint à Besançon, le 22 juin 1952, à plus de 90 ans !
"Là s’arrête pour l’heure la quête d’identité d’Irénée ; mais il suffit de pister le nom des propriétaires et locataires de la cave de l’immeuble où fut trouvé le mystérieux torchon, et de compléter les recherches aux Archives du Doubs et de Besançon à partir de l’acte de décès. Avis aux amateurs !"
Affaire à suivre... !