Triste nouvelle en ce début d'année ...
Alors que DMC semble se chercher un avenir, son passé fout le camp sous les bulldozers !!
Les nouveaux bâtiments de DMC, de 1812, lithograhie d'après un dessin de J. Pedraglio en 1855.
La démolition de la filature DMC de 1812 est en cours !
Les réactions sont nombreuses. Les universitaires Pierre Fluck, spécialiste du patrimoine industriel et auteur d’une étude-diagnostic sur le site DMC commanditée par la Ville de Mulhouse et réalisée en 2005, et Marie-Claire Vitoux, présidente du Conseil consultatif du patrimoine mulhousien, sont au rendez-vous.
Voici des extraits de leur intervention.
Ce bâtiment, bien qu'endommagé par des incendies, est pourtant un témoignage incommensurable de l’âge d’or du textile et du passé industriel de Mulhouse.
Les 1300 signatures déposées sur le bureau du maire, fin 2010, pour sauver ce bâtiment, l’ont de fait propulsé dans le champ du patrimoine et l’ont érigé en monument. Or, que dit Victor Hugo (1834) à propos d’un monument ? ‘’[…] Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté : son usage appartient à son propriétaire, sa beauté à tout le monde ; c’est donc dépasser son droit que de le détruire.’’
Toute l’histoire de DMC, une icône pour le textile dans le monde, perd à présent son sens.
L'irréversible a été commis. C'est d'autant plus regrettable - et paradoxal quand même ! - qu'on s'efforce de valoriser le petit empire DMC et de l'intégrer dans la logique de la prestigieuse Bauausstellung Basel pour l’horizon 2020.
Et qu’on est aussi en train de construire, au sein de l’Université de Haute-Alsace (UHA), une formation Erasmus unique en Europe intitulée Enjeux sociétaux de l’archéologie industrielle. Elle s’ajoute d’ailleurs au démarrage d’une formation en ligne pilotée par l’UHA et l’Ircos sur les reconversions des friches industrielles telle celle de Wesserling où de belles expositions sont présentées.
La filature au début du XXe siècle. Lithographie. DR
Pire, alors qu’on aurait pu intervenir au moment de la démolition pour, au moins, sauver la connaissance du bâtiment et de ses infrastructures par une intervention archéologique comme on en fait dans tous les domaines de l’archéologie préventive, cette démolition brutale s’est faite sans même que soit informé le seul laboratoire d’archéologie industrielle en France (le Cresat à l’UHA) !!
La mobilisation de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace a aussi été forte, pas assez cependant pour des promoteurs peu sensibles aux racines dont la sève irrigue le présent et permet d'inventer des projets futurs pleins de sens.