Anne Sylvestre, vient de nous quitter. Une femme engagée, profondément humaine, pressentant et mettant en chansons les évolutions de la société. Anne Sylvestre avec ses blessures, ses fabulettes pour petits et grands, certes, mais aussi les 600 chansons qu'elle a écrites pendant sa longue carrière Auteur, compositeur, interprète !
En 2014, elle a publié un livre rassemblant 91 mots qu'elle aimait : "Coquelicot et autres mots que j'aime".
Dans la collection "Le goût des mots" dirigée par Philippe Delerm (éditions Points), elle ouvre la boîte de bonbons de ses mots préférés.
Qu'ils soient mélancoliques comme « cahier », savoureux comme « frangipane », surprenants comme « libellule », drôles comme « s' esclaffer » ou nostalgiques comme « parfum », les mots préférés d' Anne Sylvestre racontent son histoire, ses souvenirs d' enfance, sa poésie et son amour de la nature.
Un petit extrait qui intéressera les brodeuses et couturières :
Pensée du jour :
"L’aiguillée, c’est l’exacte longueur de fil ou de coton nécessaire à la brodeuse pour réaliser son motif. Si son aiguillée est trop courte, elle devra s’arrêter en chemin, faire un point d’arrêt puis un nouveau nœud pour en repartir une nouvelle, mais ça sera moins beau si on retourne l’ouvrage, et la broderie se juge aussi par son envers.
Si en revanche l’aiguillée est trop longue, cela fera du gaspillage, car le bout restant sera trop court pour repartir un motif. Sans compter qu’un très long fil oblige à faire des gestes de bras excessifs qui retardent le mouvement. C’est tout l’art de la brodeuse, de savoir organiser son travail en respectant à la fois l’économie et la beauté de l’ouvrage.
Je dis « brodeuse » et l’on pourra me reprendre là-dessus. Il y a eu, il y a encore des brodeurs, des hommes aux doigts habiles aimant le contact de l’étoffe, et la beauté qui émane de tous ces points minutieux, de ces fils colorés ou ton sur ton ; aimant aussi par-dessus tout ces prétextes délicats au silence, à la méditation.
Mon ami Laurent, magicien des fleurs, brode aussi, à ses moments trouvés, des nappes, des têtes de draps qu’on croirait sortis de l’atelier d’une fée. Parfois il les dévoile, l’air mystérieux, les sort de leur papier de soie. Et nous rêvons…
Au temps de la marine à voile, lors des longues journées, à la recherche du vent et des lieux de pêche, les marins, dit-on, brodaient au petit point des tapisseries naïves, sachant rendre douces leurs grosses mains malmenées par les filets. Que de fleurs, que de voiles, que de sirènes ont dû éclore à leur bord !"
Anne Sylvestre (Coquelicot et autres mots que j’aime)
Pour entendre Anne Sylvestre parler de son livre lors de l'émission "La grande librairie" : clic ici !
Au-revoir Anne Sylvestre. Vous allez enchanter le Paradis.